Après les sirènes et les citations ainsi que les gens qui veulent savoir ce qui s’est passé, arrivent plusieurs jours pendant lesquels il faut gérer le fait d’être reconnu comme un héros.

C’était un après-midi frais d’octobre 2019, bien avant que la pandémie de COVID ne commence à dominer nos vies, lorsque l’employé de Metrolinx, Andy Simone, a sauté dans les eaux froides de la Cook’s baie, située dans la ville de Georgina, dans la région de York, pour aider à sauver la vie d’un étranger se noyant.

En promenant son chien après une garde de nuit, Simone avait entendu les cris terrifiés de la compagne de la victime, Simone n’a pas hésité un instant à plonger dans les eaux inconnues du lac Simcoe pour sortir la tête de l’homme blessé hors de l’eau et le protéger des vagues agitées jusqu’à l’arrivée des équipes de sauvetage.

Simone, un inspecteur de la santé et de la sécurité, soupçonnait que l’homme avait également subi une blessure au cou ou au dos. Il savait donc que la vie de l’homme était littéralement entre ses mains dans l’eau glaciale alors qu’ils attendaient l’arrivée des premiers intervenants. Ses soupçons ont été confirmés ; après l’arrivée des équipes de sauvetage et le retrait minutieux de l’homme hors de l’eau et dans un hôpital voisin, les médecins ont déterminé que l’homme avait subi une grave blessure presque mortelle à la moelle épinière lorsqu’il avait sauté dans l’eau.

Les actions de Simone – décrites dans le Governor of the Royal Life Saving Society Ontario award qui lui a été remis plus tôt cette année – ont préservé une vie ce soir-là.

Ses actes héroïques ont, cependant, également conduit à une réaction souvent observée par les témoins à la suite d’événements traumatisants stressants. Des dommages collatéraux, pour ainsi dire. Pour chaque acte d’héroïsme publiquement salué, il y a souvent un lourd bilan sur la vie des survivants que peu connaissent. Il y a ces moments où on se demande « Et si ? » à revivre, puis beaucoup d’autres après.

Le stress post-traumatique – dont on entend souvent parler pour les victimes d’actes criminels, mais qui peut souvent être vécu par les témoins et ceux qui ont porté secours à des victimes à la suite de tout événement traumatisant – peut souvent être vécu par la personne la plus héroïque que l’on connaisse.

Bien qu’il ait eu la chance d’être en vie, pour l’homme sorti des eaux glacées, cela a signifié un long rétablissement de ses blessures graves et de nombreux mois de réadaptation qui se poursuivent aujourd’hui.

Par la suite, Simone a également vaillamment réussi à traverser les montagnes russes de sa propre réadaptation difficile.

La quasi-noyade a déclenché un choc émotionnel pour Simone, qui a passé de nombreux jours à gérer ce que c’était de tenir une vie entre ses mains. Son message aux autres est de sauter quand on est appelé – mais aussi de savoir qu’il y a un poids qui est porté même après que la plupart des gens soient passé à autre chose.

« C’est un réflexe pour moi d’aider quand quelqu’un en a besoin. Quelque chose auquel je ne pense tout simplement pas ; c’est dans mon ADN », a expliqué Simone. « Je ne veux jamais changer cela. Mais mon message aux autres, qui vivent des expériences similaires, est de prendre son temps pour se remettre de ses blessures et que vous ne savez jamais quelles émotions enfouies vont faire surface. »

Pour Simone, cela a déclenché des souvenirs d’un autre événement de vie ou de mort qu’il avait vécu.

En 2017, trois inspecteurs de la santé et de la sécurité de Metrolinx revenaient en voiture d’un chantier à Toronto lorsqu’ils ont vu un accident sur la Queen Elizabeth Way. Comme il n’y avait pas encore d’équipes d’urgence, les hommes se sont arrêtés, ont sauté par-dessus la glissière de sécurité et ont laissé leurs dix ans de formation en santé et sécurité prendre le relais.

Ils ont administré des premiers soins essentiels aux victimes, dont à de très jeunes enfants.

Un de ces héros était à nouveau Simone. En tant que père, il ne pouvait pas effacer l’image des enfants blessés sur la banquette arrière du véhicule broyé.

Tous ces souvenirs sont entrés en conflit avec l’expérience la plus récente et Simone avait besoin de prendre un certain temps pour s’en remettre. Il a eu le courage d’en parler et de prendre un peu de temps pour sa santé sur le long terme et pour sa famille.

« Andy a surmonté beaucoup de choses pendant sa convalescence à la suite de ces deux incidents », a déclaré Nicole Stoker, qui est la responsable de Simone.

« Il a été très courageux non seulement pour aider les gens qui en ont le plus besoin, mais aussi pour affronter vaillamment toutes les émotions que ces événements traumatisants peuvent déclencher. »

Simone a bénéficié du soutien sans faille de son équipe de Metrolinx tout au long de sa convalescence. « Nous sommes tous très fiers de lui et nous sommes très heureux qu’il soit de retour au travail dans notre équipe. »