Les vedettes d’un téléroman marquant lié au transport en commun font un retour sur l’émission Train 48

Les acteurs de l’émission télévisée canadienne du début des années 2000 se réunissent dans un train.

4 janv. 2019

Raoul Bhaneja quitte le quai de la gare Union et monte à bord du train de GO de la ligne Lakeshore West en direction de Burlington. Un sourire lui vient aux lèvres lorsqu’il monte.

Derrière lui, se trouvent Joanne Boland et Lisa Merchant, qui se regardent incrédules, suivies par Paul Braunstein, qui pour l’instant est sans voix.

Ils remontent dans le temps.

Ils s’assoient tous dans la même section quadruple, excités comme des enfants qui prennent le train pour la toute première fois. Cependant, ce n’est pas leur premier déplacement dans un train de GO. En réalité, ils se sont assis sur les sièges de GO 318 fois et il est possible que vous soyez avec eux durant ces trajets.

C’est parce qu’ils faisaient partie des acteurs de l’émission télévisée de la chaîne Global, Train 48, une dramatique canadienne improvisée, tournée en direct et durant une demi-heure qui mettait l’accent sur la vie et les interactions des navetteurs à bord d’un train.

L’émission Train 48 a été diffusée de 2003 à 2005 et était la première du genre.

« L’émission était tournée le jour même de sa diffusion, alors cela la rendait très différente », explique Mme Boland, l’actrice qui jouait le rôle de Dana Davin, une employée d’un magasin de musique qui aspirait à devenir auteure de chansons.

« Je n’avais rien vu de la sorte auparavant et nous avions une assez grande distribution. »

Il y avait une douzaine de personnages et, de temps à autre, l’émission mettait également en vedette des gens connus, notamment Sheila Copps, ancienne vice-première ministre, Scott Thompson, comédien, et Mike « Pinball » Clemons, ancienne légende des Argonauts de Toronto.

Les acteurs sont réunis aujourd’hui après presque 15 ans depuis la diffusion du premier épisode. Le train va de l’avant, mais la discussion se tourne vers le passé.

« L’émission était très progressiste et présentait un acteur issu d’une minorité visible dans une série télévisée canadienne. Il était intéressant de voir une intrigue qui priorisait les personnes », commente M. Bhaneja, qui jouait Pete Subramani, un ambitieux courtier en valeurs mobilières de Bay Street.

« Il ne s’agissait pas d’être ce type de personnage ou cette autre personne; il s’agissait d’être un vrai navetteur de tous les jours. »

L’émission n’avait pas un gros budget et n’était pas réellement tournée dans une voiture en mouvement. Un plateau avait été construit avec de l’équipement récupéré dans des trains de GO mis hors service.

« Les techniciens faisaient lentement bouger la caméra pour donner l’impression que nous étions à bord d’un train en marche », se souvient Mme Marchant, doyenne de l’improvisation de Second City.

Elle jouait le rôle de Brenda Murphy, une veuve aux valeurs conservatrices, qui travaillait dans un bureau. En tant que spécialiste de l’improvisation, elle admire la créativité dont l’émission a fait preuve pour recréer le parcours Toronto – Burlington, un déplacement que des dizaines de milliers de navetteurs font tous les jours à bord des trains de GO.

« L’émission permettait d’inclure de vrais évènements de la vie et traitait de sujets qui faisaient les manchettes », se rappelle Mme Marchant.

« Alors lorsque les gens arrivaient à la maison, ils disaient :  » Nous venons de le lire ou nous en parlions justement au bureau « . Nous apportions beaucoup de créativité et de contributions. »

Non seulement l’émission Train 48 offrait elle une liberté en matière de créativité, mais elle a généré des amitiés à l’écran qui se sont poursuivies bien après l’arrêt de sa production en 2005.

« Nous sommes devenus semblables à une vraie famille », affirme Mme Boland. « Tout le monde est venu à mon mariage. Nous avons créé des amitiés pour la vie avec les personnes avec qui nous travaillions durant l’émission. »

Les gens reconnaissent encore les acteurs de l’émission Train 48. Ces derniers aimeraient bien avoir la chance de faire partie d’une suite ou d’une série dérivée, mais admettent que ce ne serait jamais la même chose.

« C’était avant Facebook et les téléphones intelligents, les gens emportaient des journaux », explique M. Braunstein, qui jouait le rôle de Johnny McLaughlin, un contremaître du secteur de la construction.

« Je crois qu’en tant que société, nous étions plus ouverts aux interactions dans les endroits publics que maintenant, car nous sommes généralement tous rivés à nos téléphones ou à nos écrans. »

Les déplacements à bord des trains de GO peuvent être différents à présent avec la Quiet Zone et les appareils mobiles qui empêchent d’entamer des conversations avec des étrangers. Toutefois, l’émission Train 48 nous a démontré que lorsque nous sommes confinés dans un espace restreint avec les mêmes personnes, il est possible de créer des moments significatifs et mémorables.


par Nitish Bissonauth Conseiller bilingue du contenu editorial de Metrolinx