Acte de gentillesse pour nourrir des milliers

Imraan Assim a décidé que s'asseoir et se plaindre du monde ne suffisait pas.

2 janv. 2019

Cette année, tentez de ne plus vous trouver les mêmes excuses.

Du moins, pas devant Imraan Assim et ceux qui ont été inspirés par lui et l’ont suivi dans sa cause.

Ignorez cette envie de dire que vous aimeriez prêter main-forte dans une cause noble, mais « que vous n’avez pas le temps » ou que vous ferez du bénévolat « un jour ».

Parce que ces paroles pourraient sembler vides pour M. Assim qui a aidé à la création d’une soupe populaire et d’un service de livraison de nourriture gratuit lui permettant de nourrir une foule de résidents de Toronto dans le besoin.

À l’aube d’une nouvelle année, M. Assim se souvient du moment lorsqu’il s’est dit que de parler des personnes dans le besoin ne les aidait pas réellement et de la manière dont ses gestes entraînaient un mouvement d’altruisme chez la prochaine génération.

Son récit sera même une source d’inspiration pour 2019.

Il y a un peu plus de six ans, M. Assim, analyste principal d’entreprise à PRESTO, était réuni avec sa conjointe et un groupe d’amis. Ils discutaient de problèmes dans le monde, notamment au sein de leur communauté de North York.

Leur discussion portait sur l’injustice de la situation et la nécessité de changer les choses.

« Nous nous sommes dit, soit nous sommes de vieux grincheux qui se plaignent sans cesse de tout, soit (nous devenons) des personnes qui tentent d’apporter des changements », se rappelle l’homme de 38 ans et père de trois enfants.

Il s’est adressé au personnel d’une mosquée de son quartier, le TARIC Islamic Centre, pour demander s’il voudrait appuyer un programme alimentaire ciblant les familles qui éprouvent des difficultés, les nouveaux arrivants qui ont peu de possessions, les personnes qui vivent en marge de la société et les aînés qui sont seuls dans leurs appartements.

M. Assim a affirmé qu’il n’avait besoin que d’une salle. Son épouse, d’autres bénévoles et lui-même s’occuperaient du reste.

Il s’est rendu dans des restaurants et s’est entretenu auprès de fournisseurs en alimentation. Il a également négocié des ententes en vue de maximiser les dons. Voilà comment il a créé un programme qui lui permet d’établir un contact humain et bienveillant avec ses voisins pendant quatre week-ends de novembre et jusqu’en décembre. Au cours des six années du programme qui s’est déroulé au TARIC Centre, lors d’une période qui coïncide avec le mois saint islamique Rabi al-Awwal, plus de 15 000 repas ont été servis.

Pendant quatre dimanches, avec l’aide de 40 à 50 bénévoles, les repas ont été livrés à des centres de service d’urgence et de crises, des résidences pour personnes âgées et des complexes de résidents à faibles revenus des environs. Les gens qui donnent de leur temps sont de croyances diverses, mais ils sont unis dans le besoin de rendre la vie d’une personne meilleure.

La première année, les bénévoles se félicitaient d’avoir pu servir un total de 1 200 repas au cours des quatre week-ends. Désormais, ils peuvent en préparer 1 000 en un seul dimanche.

En plus d’une longue liste de collègues de Metrolinx et d’autres bénévoles, les deux plus jeunes fils de M. Assim, âgés de 8 et de 11 ans, prêtent main-forte. Sa fille de 4 ans participera elle aussi à la cause dès qu’elle sera suffisamment grande.

La volonté de M. Assim d’agir pour le bien commun lui a été transmise par son père qui a travaillé pour GO Transit pendant une trentaine d’années.

« Il est important que (mes enfants) prennent conscience, hormis le fait de redonner à sa communauté et d’être généreux et bienveillant envers ses voisins, qu’il faut prendre le temps d’en faire un peu plus et prendre les devants pour changer les choses », explique M. Assim.

Les dons en ligne sont formidables, mais ils sont dissimulés par des transactions virtuelles.

« Lorsque vous êtes sur place, vous les voyez de vos propres yeux », ajoute-t-il.

Chaque année, M. Assim reçoit de plus en plus de demandes de gens qui ont besoin d’aide et il leur répond « oui » à chacun d’eux.

Il croit ceci : « S’il y a un lieu où l’on peut pratiquer une foi sans condition, c’est bien dans un lieu de culte. »

Il y a tant de moments où l’on voit que les efforts en valent la chandelle. Comme lorsque des personnes âgées sortent de leur isolement pour partager le repas et prendre du bon temps avec leurs voisins dans les aires communes. Ou lorsqu’un homme a l’apparence dépenaillée devant un centre nous dit à quel point le petit gâteau avait bon goût et qu’il n’en avait pas mangé depuis des années.

M. Assim souhaite que ce soit ce genre de choses dont se souviendront ses propres enfants dans leur vie, alors qu’ils décideront de se plaindre ou de poser un geste concret.

Au courant des quatre week-ends, des bénévoles ainsi que lui-même s’assurent de faire participer les enfants, en leur demandant d’offrir un bricolage ou d’écrire un message qui accompagnera les paniers de nourriture.

« Cela dépasse la religion », dit-il. « C’est un geste d’humanité. »

« Je veux seulement continuer à servir les autres. »

Même si une grande partie de ses efforts porte sur l’organisation de la soupe populaire pendant quatre week-ends, son bénévolat se poursuit tout au long de l’année.

Certains d’entre nous, avec toutes nos bonnes intentions, trouvent de jolies formules pour remettre à plus tard nos gestes de bonté envers un étranger — ou un voisin — dans le besoin.

D’autres parmi nous trouvent simplement la motivation d’agir alors qu’une nouvelle année commence.


par Thane Burnett Manager of editorial content for Metrolinx