« Cet homme va vivre » – L’ambassadrice du service à la clientèle d’un train GO se précipite pour réanimer un passager

Un homme est à bord d’un train GO lors d’une journée qui semble tout à fait normal.

23 nov. 2021

Keri Merrimen, ambassadrice du service à la clientèle de train GO, fermait les portes et donnait son signal pour le départ de la gare Union.

Cela devait juste être un autre voyage tranquille pour ceux qui étaient à bord.

Puis l’alarme a retenti.

Keri Merrimen, ambassadrice du service à la clientèle de train GO

Elle a été activée à quelques voitures de Keri, dans un train de la ligne Lakeshore West, à la fin du mois d’octobre.

« Un homme d’une cinquantaine d’années, probablement victime d’une crise cardiaque, nous avons besoin d’un DEA et du SMU tout de suite ! », l’appel a été lancé.

Keri, qui travaille dans la voiture d’accessibilité, a été alertée qu’on avait besoin d’elle avec un défibrillateur. En quelques secondes, elle a senti l’adrénaline monter.  Elle s’est emparée du défibrillateur externe automatisé (DEA) le plus proche et a traversé, d’une vitesse de croisière, quatre voitures afin de secourir un homme gisant, inconscient, sur le sol.

Selon un témoin, l’homme trébuchait en se serrant la poitrine avant de s’écrouler.

« Au tout premier moment où vous réalisez que vous êtes sur le point de vous occuper d’un véritable cas d’urgence, vous prenez une profonde respiration et, en un instant, vous vous rendez compte de la situation. Votre formation entre alors en jeu », explique Keri, qui travaille à bord des trains GO depuis quatre ans.

Vérifiant qu’il n’y avait pas de blessures au crâne dues à la chute, Keri a incliné la tête de l’homme vers l’arrière pour voir s’il y avait des signes de respiration ou d’obstruction de la gorge. Elle a ensuite procédé à des compressions thoraciques tout en continuant à recueillir des informations auprès des passagers qui l’entouraient.

Son coéquipier a libéré l’espace et s’est occupé de la foule qui grandissait. Après avoir effectué 30 compressions thoraciques, Keri a positionné le DEA et a administré le premier choc. 

Ce n’est pas la première fois

De nombreux employés passeront toute leur carrière sans connaître une telle urgence.

« En revanche, cela m’est arrivé deux fois », explique Keri.

En mai 2019, un incident similaire s’est produit à la gare Union. Il s’agissait également d’une crise cardiaque – et c’était tout aussi éprouvant.

Le client avait sa femme à ses côtés, et cette dernière implorait Keri et son coéquipier de sauver son mari.

« C’était très émouvant », raconte Keri. « Nous avions placé le défibrillateur et avions pratiqué une réanimation cardiopulmonaire sur lui jusqu’à l’arrivée des services médicaux d’urgence, hélas, il n’a jamais repris conscience. »

Malheureusement, cet homme est décédé plus tard, et cette mort tragique a longuement marquée Keri. Elle y a repensé lors de cette récente urgence.

« Je me suis souvenue exactement de la façon dont il fallait positionner le défibrillateur, de comment faire les compressions – tout défilait dans ma tête comme si j’étais en pilote automatique », raconte Keri.

 « Je me souviens m’être dit ‘pas cette fois, il ne va pas mourir, cet homme va vivre.’ »

Keri se sentait déterminée et concentrée – et que cette fois-ci, le résultat allait être différent.

Après 30 compressions thoraciques supplémentaires, les paupières de l’homme se sont brièvement ouvertes et Keri a senti un faible pouls. En quelques minutes, le SMU est arrivé sur place et a pris le relais.

« Monsieur, savez-vous où vous vous trouvez? », lui ont-ils demandé.

L’homme a répondu : « Je suis à bord d’un train GO censé se rendre à Aldershot mais je suppose que ce n’est pas le cas. »

Submergée par l’émotion provoquée par le fait que l’homme pouvait parler, Keri a pleuré, tout en riant de sa réponse.

Les membres de l’équipage du train, qui ont travaillé en synergie pour tenter de sauver une vie, se sont regardés éberlués.

Pour Keri, cela semble encore surréaliste et relève du miracle. Elle attribue ce résultat à la formation qu’elle a reçue.

« Lorsque l’alarme passagers (la bande jaune dans les voitures) est activée, les ASC réagissent sans hésiter », explique Bilal Quadri, responsable du service clientèle chez Alstom, l’entreprise ferroviaire qui fournit le personnel et assure le fonctionnement des trains GO.

« Les ASC sont les premiers intervenants à bord des trains GO. »

Il a été impressionné par la réaction de Keri et sa capacité à ranimer une personne ne présentant aucun signe vital, tout en aidant à gérer une foule d’observateurs anxieux.

Pour Keri, les mots ne sauraient décrire le sentiment d’avoir sauvé la vie d’un homme, surtout en sachant que l’issue aurait pu être très différente.

Cette expérience lui a permis de réaliser à quel point la vie est fragile et que chacun devrait se former à la RCP et aux premiers soins.

Elle déclare : « On ne sait jamais quand une personne pourrait en avoir besoin et j’espère que toute personne confrontée à une quelconque urgence aura confiance en ses capacités et trouvera le courage d’agir. »

Et à chaque quart de travail, elle monte à bord d’un autre train GO pour veiller sur les clients effectuant des trajets qu’ils pensent tranquilles et sans histoires.


par Nitish Bissonauth Conseiller bilingue du contenu editorial de Metrolinx