En passant devant la maison de Richard Streeter, à Port Credit, sur la ligne de Lakeshore West, il est difficile de manquer sa Jeep.

C’est qu’il l’a installée à l’arrière de sa maison, exactement à la hauteur des yeux de milliers de passagers assis au niveau supérieur des trains.

Mais ce qui est plus difficile de voir est ce qui est écrit dans le bas de la plaque : « Vivez sans limites ».

Tous les jours, dans tous nos véhicules de GO Transit, les clients ont la meilleure place. Toutefois, bien qu’ils voient de façon routinière le décor habituel du voisinage et le flux familier des autres passagers, il y a des paysages et des sites qui se démarquent, et qui font que plusieurs remettent en doute ce qu’ils ont vu.

Alors, pour le bien de milliers de passagers empruntant la ligne de Lakeshore West qui passent directement devant la cour de M. Streeter tous les jours, nous tenions à répondre à ce que plusieurs d’entre eux se posent comme question : « Que fait cette Jeep-là? »

« C’était un projet intéressant à réaliser », dit l’ancien préposé à l’entretien à la retraite âgé de 67 ans. « Une des raisons pour lesquelles je l’ai fait était que quand je suis remonté dans le train de GO, je me suis dit que ça serait un sujet de conversation intéressant. »

M. Streeter mentionne qu’en 2011, il fouillait dans un parc à ferraille, à la recherche de pièces pour un autre projet, lorsqu’il a aperçu la Jeep déchiquetée.

Il se doutait qu’elle avait été impliquée dans une violente collision compte tenu des dommages, mais le devant était toujours en excellent état. C’est à ce moment qu’il a eu l’idée.

« J’avais une idée de faire quelque chose comme à CityTV, anciennement sur Queen Street », affirme-t-il.

Se servant des compétences qu’il a acquises durant une longue carrière en tant que mécanicien, monteur et soudeur, il a coupé le devant de la Jeep. Puis, il a conçu des supports adaptés pouvant la maintenir au mur. Chaque détail a été pensé attentivement.

« Le capot dispose même d’un câble de sécurité en cas de tempête ou d’ouragan, rien ne peut s’envoler », affirme M. Streeter. 

C’est un homme soucieux du détail. C’est pourquoi il était très important d’avoir également sur la Jeep des pneus Wrangler de Goodyear, la même marque d’origine. Et, ce n’est pas tout.

« Je suis allé encore un peu plus loin », explique-t-il.

« Je me suis dit au point où j’en suis, pourquoi ne pas y aller à fond, alors j’y ai inclus des phares fonctionnels », dit-il en appuyant sur le petit bouton d’une télécommande qui allume les phares et les clignotants.

« Chrysler Canada doit m’aimer à cause de ma décoration », ajoute-t-il en ricanant.

M. Streeter et son épouse ont déménagé à Port Credit il y a 20 ans. Il recherchait une maison avec un garage indépendant afin qu’il puisse travailler sur des véhicules et d’autres projets.

Il affirme que la Jeep installée sur la maison ne dérange pas les voisins ni d’ailleurs tout le martelage, meulage et soudage qui proviennent de son garage, étant donné qu’il est, déclare-t-il, le premier à donner un coup de main ou prêter un outil à quelqu’un qui en a besoin.

« Je n’ai jamais eu de problème avec les voisins à l’arrière », ajoute-t-il en farce à propos des trains de GO de la ligne de Lakeshore West qui passent directement derrière sa maison. « Ce sont les meilleurs voisins qu’on peut avoir. Ils ne se plaignent jamais. »

Au fil des ans, M. Streeter déclare qu’il a possédé huit différentes Jeeps Wrangler. Son amour pour ces véhicules a commencé il y a plusieurs années lorsqu’il en a acheté une pour sa femme.  

« Elle ne pouvait jamais garder une voiture en état de marche », dit-il. « Alors j’ai décidé d’acheter une Jeep et elle ne l’a jamais brisée. Elle ne pouvait pas briser la Jeep. Elle a continué de fonctionner. » 

De ces huit Jeeps, sa favorite est la Jeep Wrangler 1992 rouge rubis, qu’il possède encore et surnomme « la vieille ». M. Streeter mentionne que lorsqu’il est parti acheter le véhicule hors route, il y a de cela près de trois décennies, Chrysler n’en faisait que 50 000 pour l’ensemble de la planète.

Il indique que cela voulait dire qu’on ne voyait pas beaucoup de ces véhicules dans la RGT à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

« Elles arrivaient chez un concessionnaire et elles n’y restaient que quelques heures », se souvient-il. 

Cependant, après avoir cherché un an et demi, et appelé divers concessionnaires, il en a finalement trouvé une au centre-ville et l’a achetée sans l’avoir vue.

Depuis qu’il l’a achetée, il y a 27 ans, il a apporté plusieurs modifications au moteur. Il a ajouté un levier de vitesse Hurst de haute performance, une barre d’attelage fabriquée sur mesure, une barre DEL fabriquée sur mesure comme feu de freinage qui est installée au-dessus du pare-chocs arrière et un ensemble spécial de jantes qui proviennent d’une Jeep Comanche Eliminator 1988. 

Toutefois, ce qui attire l’attention de plusieurs passionnés de la conduite hors route c’est à quel point le véhicule a été conservé et est impeccable, notamment sa peinture rouge rubis.

« J’ai eu de la difficulté à l’acheter », dit-il. « Après l’avoir conservée tout ce temps, elle me rappelle plusieurs souvenirs. »

Il n’est pas surprenant alors que lorsqu’il a vu la Jeep déchiquetée dans un parc à ferraille en 2011, il ne voyait pas un amas de métal tordu. Ce qu’il a vu était une œuvre d’art publique, et l’occasion d’inspirer les autres.

« Il n’y a pas de limites », déclare-t-il en levant les yeux vers la Jeep installée sur sa maison. « Si vous souhaitez réaliser un projet, créer une œuvre d’art ou faire quelque chose de différent, alors allez-y. Ne faites pas qu’y rêver. Faites-le. »