Pendant la construction du Crosstown, un ouvrier se lie d’amitié avec un chien du voisinage
Au milieu d'une planification minutieuse, une amitié spéciale se développe.
22 janv. 2019
C’est dans un cadre plutôt chaotique – celui de la construction d’une ligne de transport en commun de 19 km – qu’est née une amitié le plus simplement du monde.
Bon, d’accord, les gâteries y étaient aussi pour quelque chose.
Tout comme nombre de ses voisins sur deux pattes, cela fait plusieurs années que Coby le caniche déambule dans le chantier du TLR d’Eglinton Crosstown. Il patrouille patiemment dans son territoire du quartier Leaside avec son fidèle maître, Robin O’Donohue, prenant le temps de renifler les odeurs qui lui sont familières sur les arbres, les bornes d’incendie et les satanés écureuils. Pendant ce temps, le TLR se rapproche encore et toujours de son achèvement. Pour le chien et son maître, c’était là une routine tout à fait habituelle jusqu’à ce qu’un jour, quelque chose a attiré l’attention de l’animal. Un signe, si l’on peut dire.
Lentement. Stop.
Lentement. Stop.
À l’intersection des avenues Bayview et Eglinton, Tony Igbinogum, un agent de circulation, faisait tourner son petit panneau d’arrêt à deux côtés pour veiller à la sécurité des résidents et des voyageurs. Comment aurait-il pu savoir qu’en acceptant ce poste, il allait se bâtir une amitié qui allait lui durer de nombreuses années?
« Je ne peux pas vraiment l’expliquer, c’est arrivé, tout simplement, répond Igbinogum quand on l’interroge sur le lien qui s’est formé entre lui et le chien en 2017. Coby est l’une des raisons pour lesquelles j’aime aller travailler tous les jours. Il fait partie de ma routine quotidienne. »
Quand on regarde l’ampleur du projet pour Toronto – une fois terminé en 2021, le TLR Crosstown permettra de relier 54 trajets d’autobus de la TTC, trois stations de métro et trois gares GO –, une telle amitié peut sembler un peu anodine. C’est toutefois un excellent exemple du lien qui s’établit entre les équipes de construction et les communautés lors de travaux importants : tous ces ouvriers finissent par faire partie intégrante des voisinages où ils travaillent dur.
Cela dit, disons qu’Igbinogum n’a pas tout à fait ressenti un coup de foudre à la première rencontre. O’Donohue raconte que l’ouvrier était plutôt sur ses gardes la première fois que le caniche de 30 kilos a foncé vers lui sur Bayview. Mais en fin de compte, il n’a fallu qu’une seule interaction pour faire fondre toutes ses craintes.
« Un simple toucher, il n’en a pas fallu davantage, raconte O’Donohue. Normalement, c’est un chien plutôt bien élevé, mais dès qu’il voit Tony, c’est comme si plus rien d’autre n’existait! »
« C’est la première fois que je vis une telle connexion avec un chien », de dire Igbinogum.
Était-ce sa combinaison orange, son sourire contagieux? En fin de compte, c’était peut-être plutôt les gâteries pour chien qu’il avait dans sa poche. Dans tous les cas, Coby est captivé par Igbinogum.
« Tony appelle Coby sa pause café, on voit bien à quel point il adore le voir, affirme O’Donohue. En fait, c’est dur de dire qui préfère le plus l’expérience! »
Igbinogum, véritable sentinelle toujours présente avec son panneau de circulation tournant, affronte de nos jours le temps glacial de l’hiver canadien. Mais rien ne le réchauffe plus que Coby.
Leur joie est contagieuse.
Quand Igbinogum donne à Coby son biscuit quotidien, tous les passants s’arrêtent, épatés par une telle amitié. Quant à ceux qui sont dans des voitures ou qui se promènent non loin, comme l’agent de police en fonction, personne ne manque de sourire.
Certains y voient la main du destin, d’autres pensent que ce n’est qu’une rencontre fortuite. Quoi qu’il en soit, c’est là une relation que le plan directeur du TLR n’avait jamais prévue.
par Scott Money Gestionnaire du contenu editorial de Metrolinx